Le Pere Michel a la retraite 2.

Du mythe à la légende

Après la création du sirop, le Père Michel ne s’octroya pas un jour de repos (comme quelqu’un de bien connu), mais s’appliqua à sa diffusion dans le public.

Nous fûmes tous sidérés par la fulgurance de l’accueil de ce Sirop en Suisse et à l’étranger. À l’évidence les résultats répondaient aux attentes.

 

 

À n’en pas douter son nom et son image y étaient aussi pour quelque chose. Ce succès ne s’est jamais démenti depuis et ce, malgré quelques aléas dus à l’administration, dont je parlerai plus tard.

Pour l’instant je brûle de vous narrer quelques anecdotes arrivées au fil du temps.

Tout d’abord celles en rapport avec son nom:

La plus courante c’est la féminisation du Père Michel en Mère Michel, sans doute un sirop pour soigner les chats?

Le sirop du Père Noël, on ne pouvait pas y couper. Un sirop de bourgeons de sapin avec guirlandes, boules et bougies pour soigner les effets des agapes de Noël?

Plus original: le Père Lachaise, le sirop du «Bien-Vivre». À réveiller les morts évidemment.

Un jour on apprend que le sirop du Père Michel est vendu dans un sex-shop de la riviera vaudoise! Après enquête, nous apprenons que c’est réel, le tenancier se fournissait chez un droguiste du coin. On aurait même eu l’envie de faire une nouvelle étiquette: «Le sirop du Père Priape», bien sûr, avec son effigie.

Une gamine, 5 ans, à sa mère: « Dis maman, tu pourrais pas faire une glace au Sirop du Père Michel, c’est trop bon! ».

Plusieurs personnes nous ont fait part de l’origine de leur enthousiasme:

Une dame d’un certain âge pour ne pas dire d’un âge certain : « Pensez si ça fait longtemps que je le connais, ma grand-mère m’en donnait déjà».

Beaucoup d’autres : «Si c’est fait par des moines ça ne peut qu’être bon».

Aie! Aie! Aie! Ma «bonne» conscience commençait à en prendre un coup.

Sans en avoir eu (justement) conscience, j’induisais les consommateurs en erreur. Mais que faire? Changer de nom? Impossible le train était parti… et à la vitesse d’un TGV. Cependant, le temps passant, ma mauvaise conscience s’estompait grâce aux témoignages des utilisateurs…

Mais un jour, elle faillit renaître lors d’une exposition de médecines naturelles:

Debout derrière un comptoir couvert de Sirop du Père Michel, je vois passer un monsieur, la soixantaine aussi grisonnante que son costume-cravate. Il avance et tout en fronçant les sourcils, jette un regard aux sirops puis à moi, revient en arrière et m’apostrophe:

– Vous êtes bien un marchand du temple qui utilise l’église pour vendre sa marchandise!
– Ben, vous avez tout à fait raison. Cela fait plus de deux ans que j’ai ça sur la conscience.

Et je lui raconte l’enchaînement de circonstances qui fut à la base du Sirop du Père Michel comme vous avez pu la lire dans les nouvelles précédentes.

– Bon, mon fils, je peux vous absoudre puisqu’il n’y a pas eu malice, car vous avez à faire à un vrai Père Dominicain.

C’est alors seulement que j’aperçois, épinglé au revers de sa veste, une petite croix argentée.

Depuis, absous par l’église, fini la mauvaise conscience.

Par contre ceux qui n’absolvent rien, ce sont les autorités sanitaires…

Dans une autre exposition, je me retrouvais dans la même position, même comptoir, même achalandage de Sirop du Père Michel. Arrive face à moi le pharmacien cantonal de Genève. Il s’arrête à quelques mètres, les mains sur les hanches, coudes écartés:

– Mais Monsieur Deville, je vous ai interdit de vendre votre sirop, qu’est-ce que vous faites là?
– Ben, je vends du Sirop du Père Michel.
– Vous savez que je pourrais faire venir la police pour fermer votre stand.
– Monsieur, vous êtes le pharmacien cantonal de Genève. Moi, bien qu’exilé dans le canton de Vaud, je suis genevois et même d’une très vieille famille genevoise. On connaît tous les deux l’histoire de Genève. Le symbole de la ville ce n’est pas seulement l’aigle et la clé, c’est surtout son jet d’eau. Alors mettez-vous bien ça dans la tête : «il vous sera plus facile de supprimer le jet d’eau à Genève que le sirop du Père Michel».

Sur ce, n’en croyant pas ses oreilles, abasourdi, il tourne les talons et s’en va.

Deux années plus tard, je le croise dans la rue

On se salue, puis:

– Vous alors! Vous alors!
– Quoi moi alors?
– Vous alors! Vous vous rappelez ce que vous avez osé me dire la dernière fois?
– Tout à fait.

Et il repart, sans un mot, comme la dernière fois.

Jet d'eau à Genève Laboratoires Bioligo

En cinquante ans d’activités j’en ai vu défiler des pharmaciens cantonaux, des responsables OICM, Swissmedic car ils sont aussi volatiles que les vérités de la nature sont solidement ancrées dans le temps:

  • Les oligoéléments sont les catalyseurs indispensables aux fonctions vitales depuis la première cellule apparue sur la terre
  • Les huiles essentielles, enrichies des défenses développées par les plantes contre les ravageurs
  • La propolis sécrétée par les abeilles pour protéger leur ruche des risques infectieux

Si les pharmaciens cantonaux s’effacent, leurs fonctions et leurs conséquences existent toujours telle une épée de Damoclès. Le sirop et le Père Michel eux, sont toujours là, tout juste tolérés et toujours autant appréciés…

À bientôt pour la suite.

Le Père Michel à la retraite

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